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Fabienne Octobre, force et résilience

“Peindre, je dirai que c’est tenter d’être fort pour affronter et mettre de l’ordre dans son chaos personnel. C’est se réparer et peut-être se réinventer, offrir à l’autre un peu de son unicité, partager un court moment cette solitude commune parce que sans l’autre nous ne sommes finalement que du silence.” Fabienne Octobre

L’univers de Fabienne Octobre est une invitation, brute, sans artifice. Une invitation à se retrouver soi-même non seulement en tant qu’adulte mais aussi avec notre enfant intérieur, celui qui s’est effacé pour laisser notre version adulte prendre la place. Un enfant qui peut être sombre, blessé, mais qui nous a aidé à nous construire malgré tout. Fabienne Octobre nous invite à tendre la main, à ouvrir le dialogue à cet enfant, que nous avons délaissé ou refusé de voir. En tant qu’adultes, porter un regard sur notre
propre enfance peut être délicat, comme une rencontre avec nos propres fantômes.

Les œuvres de Fabienne Octobre tendent à une reconstruction bien qu’elle soit fragile : le premier pas est important,
même si le lien pour réparer est fragile. C’est une ode à la force qui se dégage de ces toiles, abruptes au premier regard. Un univers que l’on ne veut pas affronter, bien que les scènes représentées ne comportent pas de violence physique. Tout en douceur, Fabienne Octobre nous évoque nos blessures, injustices que notre œil d’enfant a conservé et qu’il n’a pas pu guérir.

Il faut marcher avec nos plaies et nos failles, malgré la douleur et apaiser notre enfant sans visage, celui que Fabienne Octobre nous présente et nous rappelle.

Prémices n°1, Fabienne Octobre, 130 x 97 cm, Huile sur toile 2020

Dans un espace teinté de bleu et de gris, trois personnages nous font face. Sur la gauche, une femme tient un enfant dans ses bras. Ce sont deux femmes et un enfant, ayant tout trois la même couleur de cheveux marron. Les couleurs des vêtements sont dans les tons jaune terne sauf le vêtement blanc de l’enfant, en contraste atténué. Atténué car l’œuvre possède deux lumières : le premier plan est dans l’ombre, c’est là ou se situe la femme avec l’enfant.

A l’arrière plan, la seconde femme se tient assise, pieds nus, sous un fond bleu clair lumineux et cependant terne. Il n’y a aucun visage et pourtant une certaine tension se dégage : les trois personnages nous regardent, comme une situation d’attente dont le spectateur est témoin. Quelque chose va se passer et nous y assisterons. Cette atmosphère de témoin est récurrent dans la pratique de Fabienne Octobre, où elle invite le spectateur à voir ce que ses personnages, impuissants ne peuvent regarder, ce qui rend ses peintures très marquantes.

Anouk Bertaux, Historienne de l’art

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