Et si la beauté résidait dans les fêlures, les petits accrochages qui agrippent le regard ?
C’est le parti pris choisi par Hélène Marraud, qui déniche les petites imperfections du monde. Avec son simple téléphone, elle saisit les choses imparfaites, incomplètes. Savoyarde d’origine, elle cherche dans la ville grouillante qu’est Paris, les entrailles urbaines abruptes, le minéral où se mêle ciment, chantiers, tags. Une façon de sentir Paris et ses fêlures parmi la diversité culturelle et mouvante de la ville lumière.
Hélène Marraud est à l’affût, insatiable, de ces cicatrices urbaines, plaies béantes des traces humaines, où fusionne matière et main de l’homme pour ériger des villes et des monuments. La beauté de la nature l’apaise également, en parallèle de cet attrait pour le brut. Des perles de pluie qui fuient sur une vitre, poésie du quotidien, l’attendrisse. Habituée à voir les œuvres du grand maître Rodin dans le quotidien de son travail, c’est par un rayon de soleil habillant un éclat qu’Hélène Marraud est conquise.
La beauté est dans l’imperfection, l’éphémère.
Son univers est un subtil mélange de deux arts japonais : le kintsugi et le wabi-sabi. Le kinstugi est l’art de réparer les objets cassés en les recollant et soulignant leur jointure à de la poudre d’or, soulignant leurs réparations. Quand au wabi-sabi, il s’agit de la beauté de ce qui a vécu, la mise en valeur de l’âge et de l’usure : la beauté réside dans les choses incomplètes, imparfaites et éphémères.
Hélène Marraud ne modifie pas toujours les objets qu’elle saisit par son objectif : elle laisse leur aspect brut et vient seulement retravailler la matière par le biais de son téléphone. La rugosité est mise en valeur, le temps vécu se révèle, fragile équilibre qui sublime la beauté de la vie : voilà l’élégant univers, tout en simplicité et sublimation, d’Hélène Marraud.
0 comments on “Hélène Marraud, sublimer la faille”